Les Etats-Unis,
pionniers de la diplomatie digitale.
"La diplomatie internationale ne se pratique pas uniquement dans les couloirs de l’ONU ou dans les ministères, elle se déroule également, et de plus en plus, sur Internet. Les États-Unis sont d’ailleurs les pionniers de ce qu’on pourrait appeler la « diplomatie digitale ».
La diplomatie sur Internet passe, tout d’abord, par une présence plus marquée des diplomates sur les réseaux sociaux. Les ambassadeurs américains, par exemple, sont encouragés à créer et à utiliser leur compte Twitter. La diplomatie française, elle, est très en retard à ce niveau. Aux Etats-Unis, l’exemple est donné John Kerry. Le secrétaire d’Etat est très actif sur Twitter alors qu’Hillary Clinton ne l’était pas du tout lorsqu'elle occupait ce poste.
Sur Twitter, John Kerry compte plus de 120 000 followers. Son ministre délégué pour les affaires publiques, Doug Frantz, explique l’importance pour John Kerry d’être sur Twitter : « Je crois que c’est utile. Ça lui permet de s’adresser à d’autres dirigeants. John Kerry a échangé des tweets avec le président iranien Hassan Rohani et avec le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif ».
Être sur les réseaux sociaux facilite ainsi les échanges mais donne aussi une dimension humaine à la diplomatie. « Twitter n’est pas son activité principale mais ça aide à donner un visage humain à la diplomatie et à faire savoir que John Kerry est une personne avant tout, souligne Doug Frantz, Twitter ne remplace pas un face-à-face diplomatique mais c’est un amplificateur ».
Toucher le plus de gens possible
Aux Etats-Unis, un effort important est fait sur la diplomatie publique pour porter le message américain sur la Toile. Le département d’Etat américain est présent sur Twitter, sur Facebook mais aussi sur Tumblr, Instagram ou encore Youtube. Au total, le département d’Etat revendique 2,5 millions d'abonnés sur les réseaux sociaux. Ses abonnés sont souvent des personnes d’influence dans leur pays, des faiseurs d’opinions, des blogueurs, des journalistes. Internet a donc un effet et un impact très important pour les diplomates.
Des internautes ont d'ailleurs demandé à John Kerry de faire un « unselfie ». A l’image du « selfie » classique (un autoportrait pris avec son téléphone mobile), l’« unselfie » est un autoportrait, à la différence que le visage de la personne est masqué avec une pancarte ou une feuille de papier. Le secrétaire d’Etat américain l’a fait avec une adresse pour faire des dons aux victimes du typhon Haiyan aux Philippines. Ce message a connu un grand succès, un succès beaucoup plus important qu’un appel aux dons classique.
Un usage à risque
Les réseaux sociaux représentent toutefois un risque car il est très difficile de contrôler totalement le message diffusé lorsque tous les diplomates d’un pays tweetent. Pour cette raison, beaucoup de chancelleries hésitent à donner cette liberté à leurs diplomates. Les Etats-Unis reconnaissent qu’il existe un risque, qu’il y a des erreurs et des choses regrettables qui sont dites. Il y a quelques semaines, un couple de diplomates américain, basés en Inde, ont fait des commentaires très peu diplomatiques à propos de l’Inde sur leur page Facebook.
Mais, au final, le bénéfice de l’utilisation des réseaux sociaux par les diplomates américains est plus grand que les inconvénients. Demander aux diplomates d’obtenir une autorisation à chaque fois qu’ils veulent tweeter serait le pire usage des réseaux sociaux. Car Twitter, c’est immédiat. Beaucoup de pays et de gouvernements restent toutefois encore dans le contrôle plutôt que dans la spontanéité qu’apportent les réseaux sociaux."
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